Les politiques internationales en matière d'éducation sont en constantes évolutions et difficiles à suivre pour les futurs étudiants, et les changements qui en résultent dans les tendances de recherche peuvent être presque aussi difficiles à comprendre pour les professionnels de l'enseignement supérieur.
C'est donc une période fascinante, propice à se plonger dans les résultats des enquêtes de Keystone pour comprendre les évolutions du comportement des étudiants et leurs causes.
Dans cet article, nous nous pencherons sur quelques données, en nous concentrons sur le pivot potentiels des étudiants des États-Unis vers le Royaume-Uni, ainsi que sur les opportunités de croissance ailleurs - et sur ce qui pourrait se passer ensuite.
Les données récentes de l'UCAS confirment que les candidatures pour des cursus de premier cycle (niveau license) au Royaume-Uni, de publics nationaux et internationaux, sont en hausse de 2,2 % par rapport au même point en 2024. Les candidatures en provenance des États-Unis ont aussi augmenté de près de 14 %.
Ces chiffres sont interessants, mais ils ne tiennent pas compte des tendances en matière d'études de second et troisième cylcles (niveau master et doctorat), qui constituent un élément clé du recrutement international (en particulier pour les étudiants internationaux).
Le graphique ci-dessous utilise les données de Keystone pour illustrer comment les recherches de programme de second et troisième cycles au Royaume-Uni et aux États-Unis ont augmenté ou diminué par rapport à l'année précédente. Ces données sont basées sur les actions sur les plateformes Keystone, ce qui signifie que nous voyons ce que le public recherche réellement et les évolutions dans le temps :
Le constat est claire :
Nous remarquons une augmentation de l'intérêt pour le Royaume-Uni tout au long de l'année 2025. Il est important de noter que cette croissance ne ralentit pas après la publication des dernières directives sur l'immigration (white paper) au Royaume-Uni en mai (nous y reviendrons plus loin).
Une partie de cette croissance est une reprise par rapport à une année 2024 difficile (lorsque le Royaume-Uni devait faire face à l'augmentation des frais de visa et à l'interdiction des proches à charge).
Une partie de cette croissance est également due aux tendances observées aux États-Unis. L'intérêt y est constamment en baisse, en corrélation avec une série de déclarations et d'actions sur les études internationales au cours des derniers mois (y compris la pause du traitement des visas, la discussion sur la réduction du financement institutionnel, etc.)
Nous savons que les déclarations et les actions politiques sont en partie à l'origine de ce phénomène : en juin, une nette majorité (65 % et 70 %) des futurs étudiants étrangers déclaraient avoir été dissuadés d'étudier aux États-Unis par les politiques de financement et de visa, respectivement.
Nous avons constaté une augmentation de l'intérêt pour le Royaume-Uni et une diminution de l'intérêt pour les États-Unis, en particulier au niveau du troisième cycle. Mais comment les choses se dessinent-elles à un niveau plus global ?
Ci-dessus vous pouvez observer l'évolution de l'intérêt pour une sélection de destinations à tous les niveaux d'études (entre mars et de juin). Nous obtenons ainsi un aperçu de la situation à la fin des premier et deuxième trimestres de 2025 (une période qui couvre la plupart des récentes déclarations et actions politiques aux États-Unis).
Voici ce que nous pouvons retenir :
Sur la base de ces données, on peut s'attendre à ce que la baisse d'intérêt pour les États-Unis se traduise par moins des candidatures au cours de ce cycle, tandis que le Royaume-Uni continuera à connaître une certaine croissance. Mais rien de n'est acquis d'avance.
Ces dernières semaines, les nouvelles ont été plus positives pour les étudiants étrangers, avec la reprise du traitement des demandes de visa et les mesures prises pour protéger le financement fédéral. Si les étudiants potentiels peuvent entrevoir un environnement plus prévisible et plus accueillant aux États-Unis, certaines de ces recherches pourraient reprendre. Nous ne manquerons pas de suivre l'évolution de la situation.
N'oublions pas non plus que même si le nombre de personnes effectuant des recherches pour des études aux États-Unis a baissé, il reste très important. Les universités américaines restent extrêmement populaires et font l'objet de millions de recherches sur les plateformes Keystone chaque mois.
Ici, beaucoup dépend de la manière dont les récentes directives sur l'immigration sont mises en œuvre.
Nous avons déjà écrit sur les signes encourageants de l'impact initial. Il semble que cela se poursuive pour l'instant.
D'après l'enquête Pulse de Keystone réalisée en juin :
L'impact de la classification RAG dépendra de la communication qui en sera faite (influençant ainsi si les étudiants internationaux s'y intéresseront plus que d'autres labels, tels que les classements).
La réduction de la Graduate Route ne sera probablement pas mise en œuvre avant septembre, de sorte que l'impact sur le recrutement sera surement plus notable sur la prochaine cohorte (2027/28).
Le désintérêt pour les États-Unis ne profite à aucun pays en particulier, et dans l'ensemble, les étudiants internationaux envisagent désormais un éventail de destinations beaucoup plus large qu'au début de l'année 2025.
Cela pourrait rester vrai quelle que soit l'évolution des États-Unis et du Royaume-Uni, ce qui représente une réelle opportunité pour les destinations d'études (et les universités) qui peuvent attirer les étudiants avec une offre claire et attrayante.
L'un des points positifs de cette année mouvementée pourrait bien être que les étudiants envisageront davantage de destinations en 2026 et au-delà.